Le Tranky Doo
Avec le Shim-Sham et la Big Apple, le Tranky Doo complète la “sainte trinité” des routines de jazz de l’ère du Swing.
Mais alors que les histoires du Shim-Sham et de la Big Apple sont assez connues ou faciles à trouver, les danseurs ont tendance à moins connaître l’histoire du Tranky Doo.
Il y a quelques années (lors de recherches effectuées dans ma jeunesse), je suis tombé sur le blog de Bobby White (un super danseur et historien américain) détaillant l’étrange histoire du Tranky Doo, le moment est venu de le partager avec vous aussi !
Avec cet article J’espère lever quelques doutes (même si l’histoire comporte des lacunes;)
Le premier Tranky Doo
L’idée que Pepsi Bethel, un Lindy Hopper de Whitey’s Lindy Hoppers, ait inventé le Tranky Doo circule depuis des années.
Cependant, Frankie Manning décrit l’invention de la chorégraphie dans son livre, co-écrit avec Cynthia Millman, « Frankie Manning : Ambassadeur du Lindy Hop ».
Voici ce qu’il écrit dans sa biographie.
Au milieu des années 1940, Frankie et son groupe de performance, les Congaroos, aimaient ajouter différentes « saveurs » à leurs spectacles avec des numéros divers que le Lindy Hop.
Dans un club de Chicago, une chorus girl avait l’honneur spécial d’être la dernière à quitter la scène. La dernière chorus girl de la ligne montrait souvent un petit pas avant de sortir, et le pas de cette danseuse en particulier était une chute simulée dans un shuffle puis des boogies et le surnom de cette chorus girl était Tranky Doo.
Frankie a pris ce pas, l’a utilisé comme premier mouvement de sa routine, puis l’a enrichie, nommant la routine d’après son inspiration.
La « routine » de Frankie durait que deux couplets (c’est important et cela reviendra plus tard) et elle était, à l’origine, exécutée sur la chanson « Tuxedo Junction ».
Dans son livre, Frankie explique également comment, lorsque ses collègues des Congaroos et lui allaient danser au Savoy, ils y exécutaient la routine, et avec l’intervention d’autres danseurs, elle s’est rapidement répandue parmi les habitués du Savoy.
Voici un extrait de 1947 de Tops & Wilda, anciens Lindy Hoppers de Whitey, interprétant le Tranky Doo, très proche de sa création.
Le premier extrait montre clairement le premier couplet de la routine que nous connaissons et aimons :
Cependant, un extrait d’eux dansant un deuxième couplet montre quelques différences avec la chorégraphie telle que nous la connaissons :
S’agissait-il de l’original de Frankie, ou Tops & Wilda l’ont-ils modifié pour leur propre chorégraphie ?
Je ne peux pas répondre à cette question…
Mais comme, presque pour deux/tiers, la routine est celle de Frankie, je ne vois pas pourquoi ils modifieraient le « tiers » restant, d’autant plus que la partie modifiée contient encore des éléments du Tranky Doo tel que nous le pratiquons.
Donc, ces extraits pourraient très bien être le Tranky Doo original.
Le « Spirit » Doo
Dans les années 1950, une cinéaste d’origine russe nommée Mura Dehn est venue au Savoy Ballroom pour documenter la danse noire américaine pour un projet de film qui s’appellerait « The Spirit Moves ».
Elle a demandé à de nombreux danseurs de Whitey de participer à son projet.
Bien que Frankie ait été filmé pendant une courte période, il n’était pas intéressé à continuer à travailler sur le projet.
Plusieurs autres danseurs de Whitey, cependant, l’étaient. Trois d’entre eux – Al Minns, Leon James et Pepsi Bethel – ont interprété le Tranky Doo pour elle, se terminant également en deux couplets.
Le résultat serait la principale source pour décortiquer la chorégraphie telle que nous la pratiquons aujourd’hui.
Il est important de savoir que la chanson « Dipsy Doodle » est doublée sur le film.
Nous ne savons pas si c’est la chanson originale sur laquelle ils ont dansé pour le tournage – c’est fort possible, car elle semble avoir exactement le même tempo, mais en raison de ses ponts et de sa structure blues, c’est un choix étrange pour une chorégraphie basée sur une structure de chanson swing AABA de base.
C’est la raison pour laquelle nous faisons une pause dans la chorégraphie avant de reprendre depuis le début !
Une fin étrange
« Bon, cela explique les deux premiers couplets », dites-vous. « Mais qu’en est-il des six box steps et de toute la phrase de shouts et knee slaps? »
Si vous ne connaissiez pas son histoire, vous penseriez que les deux premiers couplets ont été chorégraphiés avec un soin méticuleux, et le dernier lorsque les danseurs ont réalisé qu’ils avaient passé trop de temps sur les deux premiers et qu’ils étaient en retard pour l’enseigner au groupe 😉.
Notre fin pour le Tranky Doo telle qu’elle est pratiquée sur la piste de danse moderne est montrée pour la première fois dans cet extrait d’Al et Leon interprétant pour l’une de leurs nombreuses apparitions télévisées.
Nous ne savons pas avec certitude si c’est la raison du long et simple troisième couplet de la chorégraphie du Tranky Doo telle qu’elle est devenue, mais je ne serais pas surpris que la fin en box steps et shouts soit l’ajout rapide et facile d’Al et Leon pour allonger la routine pour une performance.
Quoi qu’il en soit, cela fait maintenant partie de la chorégraphie et constitue une excellente occasion de variation et de mise en valeur de l’individualité. Et au minimum, cela vous donne une chance de vous reposer avant de refaire la chorégraphie.
En conclusion
Frankie était-il contrarié que le Tranky Doo ait changé au fil des ans ?
Pas tant que cela « restait dans le même groove », selon son livre.
« Pour Frankie, il était normal que les routines changent et changent encore. C’est le jazz », a déclaré Judy Pritchett, historienne de la danse swing et compagne de longue date de Frankie. « Frankie était alternativement amusé et consterné par les tentatives de la génération moderne de codifier les pas et les routines. N’oubliez pas qu’il n’avait pas à se soucier de l’exactitude ou de l’authenticité, cela venait naturellement. Tout ce qu’il avait à faire, c’était son truc. »
Qu’en pensez-vous ?
Maintenant que vous en savez un peu plus sur Tranky Doo, êtes-vous curieux d’apprendre la chorégraphie ?
Vous avez de la chance, un atelier est prévu le dimanche 12 janvier de 10 à 13 heures !
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Et il y en aura d’autres 😉
Crédits
Je remercie Bobby White et son blog Swungover d’avoir recherché et partagé cette curieuse histoire du Tranky Doo.
Babbo, mari, curieux de nature, penseur infatigable (''malheureusement'' pour moi et pour mes proches), amateur de bonne musique, bon vin et de la bonne bouffe !
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